«Pfizergate» : un sous-traitant du laboratoire accusé de manquements.
Brook Jackson ancienne directrice régionale de l'assurance qualité, dotée de "quinze ans d'expérience dans la gestion de recherche clinique", employée chez Ventavia accuse ce sous-traitant du laboratoire Pfizer de nombreux manquements dans la réalisation des essais cliniques de son vaccin anti-Covid.
La lanceuse d’alerte a communiqué différents documents internes de l’entreprise Ventavia, spécialiste des essais cliniques et qui a été chargée d’évaluer l’efficacité du vaccin de Pfizer, au British Medical Journal. Selon l’article du média britannique, paru le 2 novembre, le sous-traitant aurait «falsifié des données» et «tardé à assurer le suivi d'effets secondaires» du vaccin.
Cette ancienne employée a raconté avoir travaillé pendant deux semaines chez Ventavia pendant les essais cliniques du vaccin Pfizer/BioNTech l’année dernière, avant d’être licenciée. Elle affirmait avoir été témoin d’erreurs en matière d’étiquetage, ayant compromis l'attribution en double aveugle du vaccin.
En effet, lors des essais cliniques, ni les soignants ni les patients volontaires ne doivent savoir quel est le produit contenu dans la seringue (vaccin ou placebo), pour ne pas influencer le comportement des participants à l’étude. Selon le témoignage de l’ancienne employée, les données sur les produits administrés aux patients étaient accessibles au personnel. Elle affirme également que certains vaccins n’étaient pas conservés à la bonne température.
Brook Jackson reproche aussi au laboratoire d'avoir tardé à remonter certains effets indésirables, avec des dizaines de signalements enregistrés avec plus de trois jours de retard, contre les 24 heures prévues par le protocole.
Un document interne identifiait "trois membres" du staff avec un problème "de journal électronique/falsification les données". Des défaillances en nombre. Si bien que, toujours selon la même source, "le personnel qui a conduit les contrôles de qualité était débordé par le volume de problèmes qu'il découvrait". Des déclarations de l'ancienne salariée appuyées "par des dizaines de documents internes, des photos, des enregistrements audio et des mails", assure le BMJ.
La lanceuse d’alerte affirme avoir fait part de ses observations à la Food and Drug Administration (l’agence du médicament américaine), qui selon elle, n’a pas donné suite. Contactée par l'AFP, la FDA s'est abstenue de commenter ce dossier mais a assuré de «sa pleine confiance dans les données qui ont conduit à soutenir l'autorisation du vaccin Pfizer/BioNTech». Selon une autre source citée par le British Medical Journal, celle-ci anonyme, Pfizer a dépêché un audit de Ventavia, une fois informé de «problèmes» dans le déroulement des essais. Sollicités par l’agence de presse, ni Pfizer et Ventavia n’ont souhaité répondre pour l’instant.
L'auteur de l'article note par ailleurs "qu'après ces évènements, Pfizer a fait réaliser quatre autres essais cliniques par ce même sous-traitant". On en trouve effectivement la trace en ligne. Il s'agit des essais sur les enfants et les jeunes adultes, de ceux chez les femmes enceintes, d'un essai sur une troisième dose, ainsi qu'un dernier concernant un tout autre vaccin. Interrogé par nos soins, le laboratoire Pfizer - qui indique avoir "bien pris connaissance" de la publication - n'a pas non plus souhaité commenter "cette information".